mardi 12 février 2013

Du terrain à l'analyse : le consommateur de plus en plus méprisé

Il est bon d'avoir à se frotter au terrain : je viens d'avoir 2 expériences que seuls une TPE (1) et un consommateur lambda (2) peuvent avoir, autrement dit, que n'auront jamais ceux qui nous disent que plus de concurrence amène plus de bienfaits au consommateur :
(1) étant désormais obligée par les Impôts de payer la TVA de ma société en ligne (censément pour faciliter la tâche...), je demande à ma banque de mettre en place le prélèvement le 16 novembre 2012, selon la règle indiquée par téléphone à mon agence. Au 15 janvier rien n'était fait, je me retrouve donc avec une majoration et heureusement un inspecteur compréhensif mais je découvre une désinvolture, une inorganisation et pour tout dire un aimable ("très cordialement") mépris du client au sein de cette (très grande et très internationale) banque. Et ce, depuis le transfert des services antérieurs de l'agence à un centre commun, où personne n'est au courant de rien et où l'activité principale semble être de botter en touche sur le voisin. Il faut quand même préciser que la banque en question a licencié il y a un an ou deux je ne sais plus près de 10000 personnes dans le monde et qu'elle est très profitable (pas pour moi en tout cas!!!). La discussion est kafkaïenne, avec des personnages qui vous assurent de leur grande cordialité à chaque mail mais qui ne sont jamais là quand on téléphone. Existent-il d'ailleurs ? Peut-être sont-ce des robots (mal réglés) avec des noms d'hommes ?? La prochaine fois je dévoile le nom de la banque.
Je me permets de parler de mon cas car il n'est pas unique. J'entends tous les jours des gens se plaindre, ou plutôt, soupirer et se résigner. Facile pourtant !  "Mais  changez donc de banque, faites jouer la concurrence", nous disait l'ancienne ministre. Aussi amusant que " prenez votre vélo au lieu de votre voiture". Et pourquoi pas plaignez-vous de devoir attendre 15 mn, en moyenne pour avoir la moindre information de nos grands fournisseurs!  Mêmes expériences de négligence chez mon opérateur de téléphone, où par deux fois fin décembre la ligne coupa brutalemnt quand je persistai à demander qu'on essaie de me régler un problème technqiue. 
Mais oui, voyons, plaignez-vous, faites joeur la concurrence... Tout le monde a le temps de le faire bien sûr...On se moque de qui ?
La vérité est que les grands groupes ne prennent plus de gants qu'avec leurs actionnaires et leurs banquiers. Que les clients sont des moutons qu'on endort avec des "newsletters" insipides  et des pubs "créatives" (on ferait mieux d'utiliser les moyens mis en oeuvre à former correctement les employés qui répondent aux demandes),  qu'on finit par tellement décourager que tels les victimes du syndrome de Stockolm, ils en viennent à ne plus se rebeller contre leurs persécuteurs.
Au niveau global, le consommateur citoyen est de toute manière de plus en plus décervelé, dès la formation initiale (cf. la quasi-suppression de l'histoire, de la philo, la moquerie sur la culture, la Princesse de Clèves, cette idiotie..). Et on lui fait admettre à peu près ce qu'on veut via les réseaux dits sociaux. Heureusement certains les utilisent pour sensibiliser... Encourageons-les.
Au total on obtient des citoyens consommateurs de plus en plus avides, de moins en moins critiques, de moins en moins respectés, qu'on peut se permettre de traiter n'importe comment, de toute manière ils ne peuvent rien faire et surtout, il ne veulent rien faire, satisfaits de nouvelles consommations et de nouvelles  histoires à regarder. Ces histoires sont de plus en plus horribles d'ailleurs, je suis frappée par la quantité de films et livres qui se croient obligés d'évoquer avec complaisance des scènes de tortures, qui étaient rarissimes auparavant. Peu importe, cela plaît et in fine anesthésie.
Mais à force, ces consommateurs citoyens aussi peu considérés, que font -ils ? Certains obéissent (la majorité), d'autres se réfugient dans l'idéologie anti élites (c'est nul, mais comment les condamner) ou dans le peu de spiritualité qu'on leur laisse (les fondamentalistes sont en tête de gondoles). 
Il est urgent de réfléchir sur une reconstruction de la notion d'intérêt général.