lundi 8 avril 2013

De la norme inutile à la métanorme

La norme inutile
Quand j'ai été auditionnée par les députés de la Commission des Affaires économique de l'Assemblée nationale, une des premières questions a été : mais alors, avec toutes les normes que nous avons, vous voulez encore en créer ?
NON, NON et NON. je dis bien dans mon rapport à la ministre Nicole Bricq:
- qu 'il faut chasser la norme inutile, qu'elle soit d'origine publique ou privée (attention au business de la norme et à ceux qui en créent pour en vendre, y former, auditer... puis actualiser); ou encore attention au pullulement de normes privées (cahiers des charges) qui sont des freins pour les PME;
- que le normalisateur ou législateur français réfléchisse en termes internationaux avant toute nouvelle norme ou règle nationale supplémentaire : quel sera l'effet de ce nouveau texte sur notre position internationale , nos concurrents ont-ils les mêmes lourdeurs ? En sens inverse, comment peut-on tirer parti d'une position avancée en en faisant une norme utile qui pourra ensuite être montrée à l'étranger ? Etc. Toute une approche à acquérir ou développer...

La norme outil de développement des marchés
Mais comme la norme et la règle sont aujourd'hui à  90% d'origine étrangère, il est indispensable :
- d'être présent dans les lieux et les processus de leur élaboration pour chasser la norme inutile et promouvoir des process de production et de gouvernance que nous considérons comme les meilleurs;
- de les anticiper et si possible de les influencer le plus en amont possible.

La norme doit être vue comme un outil proactif aux mains des entreprises pour leur ouvrir des marchés. Elles ne doivent pas laisser cette tâche à l'Etat et en sens inverse, si l'Etat leur en impose trop, elles doivent le dire, s'opposer et proposer. Les fédérations professionnelles sont la pour cela. Les secteurs public et privé doivent en revanche travailler ensemble en subsidiarité et en concertation.

La norme outil de pérennisation de valeurs
Derrière toute norme ou règle il y a une approche, des valeurs, une vision du monde. Y compris derrière les plus techniques (voir l'exemple de la ractopamine dans mon rapport, je vous laisse découvrir).

Pour arriver à une gouvernance mondiale apaisée, il nous faut nous mettre d'accord sur des normes supérieures, des métanormes.

Une me paraît fondamentale car beaucoup en découle : c'est  celle de la laïcité, qui garantit la coexistence pacifique des religions et le respect de tous,  en particulier des femmes, qui sont toujours la cible des intégristes. Malgré les apparences, elle est fortement menacée et sa mise en cause est soutenue par les pays les plus riches, qu'ils soient  islamiques, par conviction, ou ultra libéraux, pour lesquels rien ne compte hors le fonctionnement du marché et où on est bien content qu'un peu de religion tienne les gens tranquilles et au travail.  Voir sur ces points mon dernier livre "La France : un pays sous influences?"