dimanche 23 septembre 2012

ICONOMIE, une conférence formidable le 19 septembre 2012



Une stratégie pour la compétitivité, la croissance,
la renaissance de la France ,  tel était le titre de la conférence de l'Institut Xerfi le 19 septembre dernier.

Je vous laisse la regarder et prendre connaissance de la mine d'informations et de réflexions qu'elle contenait et j'ajouterai ci-dessous quelques commentaires de mon cru.

1. Il se dégage de cette conférence une vraie vision que le titre "Iconomie" a peut-être tendance à réduire. Je citerai le Président du groupe XERFI, Laurent Faibis : "Je n'ai jamais vu un futur se concrétiser dans un modèle économétrique" ou, citant lui-même Gramsci "Le vieux ne veut pas mourir et le jeune ne peut pas naître" et enfin "On s'est détourné du modèle entrepreneurial, les yeux fixés sur le modèle anglo-saxon".

En bref, il faut savoir tirer parti du numérique, mais en tant que technique au service d'un changement complet de vision, que personnellement je prône depuis des années, voir mes publications et conférences.

2. L'État en a pris pour son grade et certes nous aurions bien besoin d'un État stratège mais ne cédons pas à la démagogie. Je voudrais développer ce qu'ont effleuré deux questions de la salle, l'une sur l'absence de culture de la pensée et de la recherche dans les grandes Écoles (que je soulignais dans mon livre "Nous et le reste du monde" en 2007) et l'autre, à la fin, sur la responsabilité des entreprises, rarement mise en lumière. J'y ajouterai celle des organisations professionnelles. Les chiffres fournis par Alexandre Milicourtois sur la R&D privée corroborent d'ailleurs ces commentaires et les miens qui suivent.

Certes les entreprises créent la richesse et doivent être traitées avec le plus grand respect, mais ce n'est pas une raison -au contraire- pour que cela les exonère de rechercher sans cesse l'innovation (non seulement technique mais aussi managériale et sociale) et surtout, de créer ou contribuer à créer et à défendre des idées, car aujourd'hui, la pensée, l'information et les idées déterminent à la fois la réussite économique du produit et la qualité sociale des conditions de la production. Or que voyons-nous ? (à quelques remarquables exceptions près) :

- des dirigeants qui ont partout repris les dogmes anglo-saxons en adoptant le "comment" sans se demander le "pourquoi", à savoir si le copié collé de process et modèles est nécessairement bon et si le modèle du capitalisme financier, ou de la financiarisation de l'économie, était le meilleur pour la France et pour l'Europe continentale. Mieux ils ont accompagné ces évolutions avec enthousiasme. Les entreprises et banques françaises et encore plus leurs organisations professionnelles, dont ce serait le vrai rôle, ont rarement été proactifs pour créer un type de management autonome et influencer les normes internationales essentielles (IFRS par exemple) ;

- comme il a été dit en conférence, les entreprises françaises ont beaucoup moins bien traité leurs sous-traitants que les allemandes, par exemple, et ont délocalisé dès qu'elles le pouvaient, choisissant ce moyen facile pour abaisser leurs coûts mais en revanche n'investissant pas suffisamment pour réellement rétablir une compétitivité sur le long terme ;

- ne parlons pas des résultats calamiteux, en tout cas en matière d'emploi, d'une formation professionnelle gérée paritairement par les partenaires sociaux, patrons et syndicats, bien d'accord pour administrer ce pactole dans une transparence très restreinte ;

- dans beaucoup d'entreprises, une manière de traiter les jeunes qui devrait faire réfléchir : stages utilisés comme emplois et, alors qu'on cultive de plus en plus l'initiative chez ces jeunes dans l'enseignement supérieur, un management peu collaboratif malgré les grands principes affichés ; les PME sont d'ailleurs souvent plus responsabilisantes pour les jeunes et pratiquent mieux une authentique RSE, contrairement à ce que l'on pourrait penser ;

- en conclusion, et cela rejoint le point 1, une méfiance fréquente des dirigeants pour la pensée, "qui fait perdre du temps", contrairement à leurs homologues américains qui n'hésitent pas à financer largement des think tanks et pas par mécénat, comme une galerie, mais pour produire de la pensée, creuset de leurs stratégies futures, et qui plus est, prendre des positions sur les sujets d'intérêt général.  

Donc critiquons l'Etat non stratège et cherchons à le faire évoluer, critiquons le niveau du débat des hommes politiques (mais je ne sache pas qu'aux USA ou en UK ce soit mieux...) mais demandons aussi à nos entreprises et organisations professionnelles et syndicales (je n'oublie pas ces dernières) de jouer leur rôle dans une économie internationale devenue multipolaire et où les rôles sont de plus en plus partagés entre public et privé.

Le salut viendra d'une coopération harmonieuse, chacun avec ses compétences, du public et du privé et aussi, comme le souligne très justement la conférence Iconomie, d'une prise en compte de l'information et d'une écoute des idées nouvelles par les "leaders" publics et privés, qui sinon se
retrouveront dépassés par les hommes et femmes qui travaillent sous leurs ordres dans les administrations, entreprises, organisations professionnelles, syndicats, ONG, think tanks... , qui sont déjà dans l'Iconomie via les réseaux et qui aspirent à un renouveau.




Mission pour la ministre du Commerce extérieur


Je suis heureuse d'annoncer  la mission que vient de me confier Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur sur un sujet sur lequel je travaille et écris depuis de nombreuses années, voir liste de mes  publications et conférences. Je ressens l'importance du défi!